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Apprendre à mieux vivre avec ses émotions.

Nous sommes dans une société qui nous invite aux clivages, aux extrêmes.

Ainsi, nous nous identifions à ce qui nous plaît, déplaît, ce que l’on aime et aime pas, ce que l’on rejette et ce que l’on garde, etc…Voire parfois, nous sommes sommés de choisir notre camp, être pour quelque chose ou contre cette chose là.

Tranché, comme si savoir trancher radicalement était gage de personnalité et de confiance en soi. Alors que c’est peut-être nous amputer de la complexité de nos personnalités, de notre psyché. Complexe et subtil parce qu’elle se forge pendant de très longues années, dès notre plus jeune âge, au contact, tout d’abord de nos parents, de notre fratrie, puis de notre entourage (copines, copains de classes ,de bac à sable, de sport, etc…).  Ainsi, nous nous imprégnons de ces cultures, faites des us et coutumes environnants, faisant grandir en nous le sentiment d’appartenance à une famille, à un groupe, qui nourrit en nous la sensation d’être reconnu par les autres. Cette reliance à des groupes de ‘pairs” nous permet aussi de nous individuer.

Enfant, on ne m’a pas appris à gérer mes émotions désagréables (vivre mes colères, dire mes tristesses, accepter l’impuissance…), ni à vivre l’intensité du bonheur, générer une peur inconsciente par méconnaissance de la sensation et peur de m’y perdre. Ni le fait qu’en moi puisse cohabiter des émotions désagréables et agréables, parfois au même instant. Qui a l’habitude de s’installer dans “sa chaise du discernement” ? S’y asseoir pour se donner le temps de s’écouter, se percevoir, se comprendre, se donner l’occasion de discerner ce qui se passe en soi, pour ensuite agir à bon escient.

Sachant que les émotions sont des réactions physiologiques, à savoir des phénomènes produits par mes perceptions, donc mes 5 sens. Nous sommes des êtres sens-ibles et c’est ainsi que nous appréhendons le monde. Nos émotions sont notre baromètre intérieur, cette expression très personnelle ou individuée de la manière dont nous ressentons ce que nous vivons, traduit en émotions. Ensuite, il nous faut décrypter ce signal, ce message en mots, parce qu’il n’y a que ce qui se nomme qui peut se concevoir. Et parfois, il nous est délicat, voire difficile de le faire, parce que nous ne l’avons pas appris à l’enfance. Et en plus, l’adulte que nous sommes devenus se doit d’être raisonné, raisonnable, objectif, à savoir quasi l’inverse des émotions. On imagine sans mal la difficulté pour chacun d’entre nous de conjuguer ces deux approches.

L’un des enjeux de mieux vivre avec ses émotions réside dans cette nouvelle combinaison à créer entre les émotions et la rationalisation.
Rappelez-vous que l’émotion est un phénomène physiologique traduit en un signal que notre cerveau nous envoie. C’est un processus qui nous demande de l’attention pour en tirer le meilleur :

  • Première étape, accepter de se laisser ressentir l’émotion. Lui permettre de vous habiter.

  • Deuxième étape, essayer de l’identifier, de la nommer : peur, joie, tristesse, colère. Rappelez-vous que les émotions sont là pour nous pousser à faire quelque chose.

  • Troisième étape, se poser dans “la chaise du discernement” pour essayer de comprendre pourquoi cette émotion est là ?

  • Quatrième étape, enfin, décider de comment je veux agir, quoi dire ou quoi faire et vérifier qu’il y ait bien alignement entre mon éthique personnelle, l’expression de mon émotion et de mon besoin et la manière d’agir (la forme, le ton, l’intention…).

Chacune d’entre elles déclenchent des phénomènes pas anodins, comme :

  • La colère produit du cortisol qui attaque les neurones. Pour une minute de colère, il faut une heure au système immunitaire pour évacuer le cortisol produit.

  • La tristesse nous signale que quelque chose est terminé, que nous sommes disponibles pour un renouveau. Au lieu d’accepter cette finitude, nous y résistons et prolongeons ainsi le sentiment de tristesse. Il serait plus judicieux à ce moment-là, de commencer autre chose.

  • La peur nous dit “voilà ce qu’il pourrait arriver, si tu ne réagis pas”. Sachez quand même, que seulement 8% de nos peurs sont fondées sur une menace concrète. Tout le reste ne sont que des projections mentales.

  • La joie est la seule émotion que notre cerveau essaye de reproduire en permanence.

Quoi qu’il en soit, si on s’accorde du temps et de l’attention, pour se poser dans notre “chaise du discernement”, nos émotions peuvent être de véritables guides que ce soit pour mieux nous comprendre et identifier ses besoins, pouvoir faire des demandes claires et poser ses limites.

Comment se rapprocher du bonheur, de son bonheur ?

Contrairement à ce que l’on peut penser de prime abord, être heureux n’est pas une évidence et moi-même, j’ai mis longtemps à le comprendre et à accepter cette idée.

C’est comme si être heureux coulait devait couler de source, qu’il suffisait de le vouloir pour que cela arrive. Mais forcer de constater, que dans nos vies cela ne se passe pas comme ça.

Pourquoi est-il compliqué, difficile de se sentir heureux alors que chacun d’entre nous aspire à cela ?

Parce que “être heureux” est un état d’être. Ce n’est pas quelque chose que nous faisons. Ce n’est pas du domaine de “faire” mais de « l’être”. Et dès notre enfance, nous sommes assaillis d’injonctions comme : “fais pas ci, fais pas ça”; “fais plutôt comme ça” ; “sois sage”; “si tu es une gentille fille ou gentil garçon fait ça”. Nous sommes sommés d’adapter nos comportements à ce qu’on attend de nous. Et parce que nous avons besoin de l’attention, l’approbation et l’amour des autres et en particulier celui de nos proches, nous nous exécutons. Se faisant, nous n’avons pas le temps, la possibilité de sentir ce qu’il y a en nous.

Combien de fois me suis-je senti perdu entre mon ressenti intérieur allant à l’encontre de ce que mes parents attendaient de moi ?! Comment ne pas privilégier mon besoin de reconnaissance vis-à -vis de mes parents et donc de faire ce qu’ils attendaient de moi ? De fait, au prix de faire taire mon besoin.

Voilà un bon exemple de comment naît et grandit en soi, l’incompatibilité entre mon/mes besoins et les attentes des autres. La contradiction, voire le conflit, sont en moi. Répondre à mes besoins vient en concurrence avec ceux des autres, créant intérieurement un conflit insoluble.

Ça y est, je suis piégé dans le paradigme du “soit ça ou soit ceci », dans l’obligation de choisir plutôt que d’être dans celui du “et & et” et de chercher la bonne combinaison, pour conjuguer les contraires, chercher la voie médiane, le chemin de la compatibilité.

L’expérience de la Différence est parfois douloureuse, nous menant dans une opposition, une contradiction, qui peut nous conduire vers des comportements de domination, d’ascendance sur l’autre afin de faire prévaloir nos besoins.

Nous avons également appris que le désaccord est source de conflit, qu’il pouvait être synonyme de désamour. Ainsi, j’ai cultivé malgré moi, un certain confort, certes superficiel, dans l’opposition, la contestation, l’argumentation, cultivant ainsi mon propre sentiment de ne pas être compris et du coup, de me sentir seul. Et j’ai constaté comment je pouvais éprouver un inconfort dans le bonheur, cet espace inconnu de l’entente, la tendresse, la coopération, le bien-être intérieur et revenir à un connu détestable, de conflit, de tension, de solitude.

Se sentir heureux se cultive comme un potager. Si je veux qu’il puisse se développer dans tout son potentiel, il me faut choisir un environnement propice (une bonne terre, de la lumière mais pas trop…) afin que ses racines puissent s’y ancrer. Puis, je dois être attentif à son état pour l’arroser au bon moment, ni trop, ni trop peu et être patient. On ne fait pas pousser des légumes en tirant dessus. C’est exactement la même chose pour notre bonheur.

Je vais devoir m’observer, mieux me comprendre, dans mes pensées, mes émotions, mes réactions, mes envies, mes déceptions, pour apprendre pas à pas qui je suis, d’accepter mes peurs, mes contradictions, mes paradoxes et apprendre à utiliser mon discernement. Ainsi, je pourrai choisir les ingrédients de mon bonheur, de mon mieux-être.

Attention, cette recherche n’est pas un long fleuve tranquille, je dirai même au contraire, la qualité de cette “hygiène de conscience” réside aussi dans les inconforts traversés sur la route. Parce que la sensation de bien-être naît dans la sensation d’unité, et non dans la sensation de dualité, donc de division. Pour se faire, il faut accepter de visiter sa part d’ombre, celle qui nous dérange, qui nous secoue et qui nous fait parfois mal. L’ombre est un concept élaboré par C.G. Jung :

« L’ombre est la personnification de tout ce que le sujet refuse de reconnaître et d’admettre en lui. Se mêlent en elle les tendances refoulées du fait de la conscience morale, des choix qu’il a faits pour sa vie ou d’accéder à des circonstances de son existence, et les forces vitales les plus précieuses qui n’ont pas pu ou pas eu l’occasion d’accéder à la conscience »

(Elizabeth Leblanc dans la psychanalyse jungienne).

Évidemment, quand j’ai emprunté cette voie, j’ai voulu faire demi-tour plusieurs fois, retourner à mes habitudes pas si confortables que ça mais toujours plus que de regarder en face mon ombre.

Accepter que l’être que je suis, n’est pas forcément celui-que j’aimerais qu’il soit, selon mes croyances, mes aspirations. Que mon moi conscient ait le courage de regarder cette différence. Accepter aussi, avec sincérité, que mon moi social est une image de moi que je donne à voir aux autres, qu’elle n’est qu’une toute petite partie de moi, comme une façade, gérée par mon Ego.

Mon ombre n’est pas seulement mes défauts enfouis, niés, elle renferme également des potentiels précieux que j’ignore encore, qui ne sont pas encore remonté à ma conscience, parce que certaines de mes peurs les retiennent, les inhibent. L’ombre n’est donc pas uniquement négative.  La réalité psychique est ambiguë.

Prendre conscience que je suis, mon corps, mes pensées, mes rôles sociaux et familiaux, mes envies, mes frustrations, mes contradictions, mes travers devient une merveilleuse opportunité de m’accueillir dans toutes mes dimensions, de réaliser mon unité, de développer mes potentiels, d’installer véritablement un dialogue intérieure entre mon Moi et mon inconscient, au travers la reconnaissance de mon ombre et sa mise à jour progressive dans mon conscient. Ce processus est appelé la dialectique du Moi et de l’inconscient par Jung. C’est souvent un processus lent, difficile afin d’évoluer vers la réalisation de son Soi.

Evidemment, moi compris, nous avons envie de sortir au plus vite de la souffrance, de dépasser une période difficile. Mais tout comme la douleur peut être violente, en sortir brusquement peut aussi être violent, trop violent, parce que engendrant des changements, voire des bouleversements trop importants pour que l’on puisse les métaboliser.

Alors la lenteur devient une vertu, parce que nous avons besoin de temps, pour bien nous comprendre et pour faire des choix judicieux. Ainsi, il nous sera possible d’intégrer progressivement des changements dans notre vie actuelle, sans tout bouleverser.

Se donner du temps est un cadeau à soi, parce que le temps nous est à nous tous, précieux, parce que trop souvent il nous semble nous manquer, parce qu’il est limité et enfin parce que nous organisons nos vies à travers lui.

Je mérite, sans aucun doute, de consacrer une partie conséquente de mon temps à m’explorer, à mieux me comprendre afin de cheminer vers mon unicité, ma plénitude, faire grandir ma paix intérieure et gagner mes moments de bonheur. 

Toutes les recherches montrent qu’il est vain de chercher le bonheur. La sensation du bonheur ne peut exister uniquement parce que nous avons aussi la sensation de malheur et/ou de mal être. Il semble donc plus juste d’accepter l’impermanence de nos états et plutôt de travailler à diminuer l’amplitude de nos fluctuations. De repérer et puis de cultiver, au quotidien, toutes ces choses qui nous sont importantes, voire indispensables, à notre mieux-être. Pour faire pousser, grandir étape après étape nos conditions personnelles à nos moments de bonheur.

Je ne saurais que trop vous inviter à prendre votre temps et à y consacrer du temps,  pour cultiver vos moments de bonheur et mettre en place votre vie de bonheur. Attention, ça n’est pas un chemin facile, simple, sans embûches et s’inscrire dans une intention de recherche, de persévérance, d’efforts, d’humilité et d’acceptation.

La peur

La peur est souvent l’expression d’un besoin de sécurité : sécurité physique, sécurité matérielle, sécurité affective ou relationnelle.
Pour la dépasser, il faut l’écouter, s’asseoir à côté d’elle et presque lui parler :,
“Certes tu n’es pas la partie la plus agréable de mon être, mais j’ai besoin de comprendre ton message, alors je vais m’asseoir à côté de toi pour t’écouter. Que j’ai besoin de faire confiance ; de faire confiance dans la vie, aux gens, à mes enfants, à moi-même !”

La peur est souvent liée à un problème d’estime de soi, nous avons besoin de la travailler pour cesser d’avoir peur du regard de l’autre, du regard social, des attentes, des jugements, des critiques.
Pour apprivoiser cette peur, j’ai besoin d’avoir des dialogues réguliers avec elle. Elle fonctionne comme un chien de garde, elle me  met en garde contre un danger : “peut-être que tu vas trop vite, ou trop lentement, tu n’as pas fait attention à ceci…” donc écouter le message du chien de garde.

Une fois que j’ai écouté, décrypté, faire les ajustements nécessaires et je peux la mettre de côté, parce que ce n’est pas elle qui décide.
Ainsi, je  vais  développer ma capacité, non pas de ne plus avoir peur, mais de ne plus avoir peur d’avoir peur.

Nous avons besoin d’accepter que dans nos vies humaines, nous avons nos fragilités, nos sensibilités, nos limites, nos émotions et qu’il est donc utopique d’espérer de vivre sans les rencontrer. Cependant, nous pouvons développer nos capacités à cohabiter avec ces émotions et sentir l’aspiration qu’il y a derrière, à savoir, faire confiance à la beauté et la bonté de la vie. Parfois, on veut protéger ses proches, ses enfants et on se laisse diriger par ses peurs, tout bien intentionné que nous sommes. Pour autant, je peux non seulement avoir un comportement inhibant, voire étouffant, malgré moi et surtout, je n’envoie pas le message que j’ai confiance en la vie. Peut-être que je devrais reprendre confiance en moi et en la vie avant tout. La vie nous veut du bien en général, comme une voie d’expansion.

Mais nous ne sommes pas égaux face à la peur. Elle est propre à chacun en fonction des modèles qu’on a reçus, la façon dont on a grandit, l’histoire personnelle.
La peur est souvent l’expression de notre appréhension du changement, de l’inconnu, de la transformation, la difficulté de la vie telle qu’elle est.